Aime à nu elle

Publié le par MyKe HeLL

 

 

 

La sombre Emmanuelle

De jour en jour devenait

Plus nuit que la nuit

Toujours lunaire je la voyais

Dans sa belle robe dorée

En ces mondes souterrains

Où souvent l’on s’éternise avant de disparaître

Mais elle vivait solitaire dans les rêveries

De la haute mer celle qui me hante                  

Quand vient l’aube crépusculaire

Qu’on l’imagine comme le démon

Dont se repaissent les ciels vengeurs

Qu’on la craigne pour ses mots étranges

Tout alentour s’imprègne de son aura

Sa lumière fauve règne sensuelle

Son regard saigne d’un bleu si beau

Mais sans désir mais si cruel

Se voile d’une froide mélancolie

Et c’est ici sur son sein de nacre

Que meure en moi l’ennui

S’ouvre sur un air de tempête

L’amour du très mystique

S’accorde à ces violets déferlant

Sur la côte les vieux navires

S’élèvent aux vents violents

Et font une musique sacrée

Au loin il y a la trace d’un rayon pâle

Horizon devant lequel je m’émerveille

Alors elle joue de sa voix de lyre

Sans atteindre ni l’océan ni le cosmos

Et sa rumeur lourde d’orage    

Autrefois elle n’avait à ses pieds

Que cent amants et des fleurs de soie

Taches cramoisies offertes au supplice            

De ces fantasmes crachant la sève et le vice    

Elle possédait six bras immensément noirs

Et l’anarchie dans ce cœur

Haut et clair ce cœur encore

Tant aimé qu’il s’est mêlé

À mon encre et je sais maintenant

L’intense mouvement de vie spectrale

Le vacarme des nuages dans la tête

Béante sous ma lampe rubescente

Je suis la proie du silence qui me glace

Et me souviens lorsque ses ténèbres

Avec violence m’enlaçaient

Ainsi qu’un sexe fantastique

Un rideau lourd et sinistre

Me pénétrait et je tremblais

De n’être qu’un nain

Entre ses mains

 

*

*    *

 

Louis Forges

(1971-2072)

 

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