Le gyrovague
Je suis le gyrovague
Dans la nuit des mots noirs
Magie de l’être pur mirage
Au sein de la tourmente solitaire
D’une île entre mille mondes
Errant fou dans les bois
Je suis ce triste démon
Aux yeux mauves en émoi
Qu’un jour je vis nu sous la lune
Gardien d’un phare ancien
Bercé par les pluies je suis là
Il me semble depuis si longtemps
Que le sang des lambrusques
Au creux de la lande
A rouillé mon visage
Le ciel gris de cire s’est incrusté
Dans mes veines où ne coule pas la vie
Je suis l’ange hideux et sans âge
Qui toujours se lamente derrière
Les murs de pierre sauvage
Mon front fêlé me fait mal
Quelquefois pour rompre l’ennui
Je réponds aux étoiles
Elles sont laiteuses sous leurs étoles
Capricieuses frêles et sensuelles
Ma main prestement les frôle
Alors elles prennent la fuite
Je les poursuis mais rien ne m’arrachera
Je le sais à cette souffrance que j’ai voulue
Ignorant tout de l’art qui me créa
Ne sachant rien de ce fantoche
Qui m’écrivit par amour l’insensé
Et me laissa tomber sur la toile
Fuligineuse de ses pensées
Où lentement je me vois mourir
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