Les temps imaginaires - II

Publié le par MyKe HeLL

 

 

 

II

 

elle avait pour seuls habits le diadème dont se pare l’hamadryade et ce masque de vieil insecte aux mouvantes arabesques dans nos têtes impies des étoiles encore liquides tournoyèrent fuyant décor de limbes de sables mourants d’algues vagues sanglantes moires sanglots d’ivoire et des giclées de fiel à en éclabousser les cieux le ciel en nuées se mirant sur le bois morne d’un incendie ancien et dans son œil adamantin toute la vie éventrée n’eût pas jeté plus grand trouble sur sa tremblante majesté notre chambre il m’en souvient donnait sur des ruines et les ruines sur des mirages de vertu des incertitudes des ressemblances diffuses qu’un lustre aux allures d’héliotrope venait éclairer au beau milieu de quelque paysage précieux bruissement des statues vagabondant sur un trait de lune entre bronze et carmin ce sont là les ornements de la nuit où foisonnent ces couleurs minérales vestiges de la grâce une explosion de maléfices un cinéma des mystères dans l’enfer de nos sarabandes l’harmonium résonnait avec quelque bizarrerie dont se jouaient les déités baroques sous le dais du grand cérémonial notre ensorcelante captive observait alors son image avilie de démone dans le miroir et elle aurait bien prolongé ses poses lascives jusqu’aux premiers enchantements du levant mais l’amazone n’eût été que courbes folles sans cet obscur feu de l’âtre qui par jets creusait ses formes hiératiques et leur donnait sous le baldaquin des teintes douloureuses de martyre en croix ou de succube exhumé de la crypte et j’eus l’envie cette envie bestiale de tordre cette noble proie muselée brisée d’écailles et d’écume pareille à la mer ineffable d’un haut ciel de céruse nous explorions sa vénusté ravagée et c’était une inexprimable beauté qui soudain jaillissait d’entre nos atours historiés d’azur ce corps d’ambre nimbé d’abîmes marquait à n’en pas douter l’achèvement de notre exil romanesque prélude à l’insensé naufrage qui nous guettait du haut de l’horloge et cependant nous devions nous résoudre à franchir l’incertain dont nous n’étions plus séparés que d’un pouce ...


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