Nuit FrAcTaLE – premier fragment
La nuit rêve en moi, la nuit explose
La nuit, la nuit veloutée
Enflamme la nudité des roses
De ses nuages pourpres j’ai capturé l’alcool
Et de cet alcool ont surgi les souvenirs …
Le souvenir de ce corps astral, sensuel et cinglant
-mais a-t-il seulement existé – ce corps
Flottant dont je sens l’ivresse lancinante,
Ce corps vibrant, énigmatique, étincelant
Qui me tourmente de sa grâce vénéneuse
N’est-ce qu’un reflet qui lacère mes bras nus
Et mes pieds entravés et mes ailes d’onyx
Est-ce une fée qui malicieusement ondule
D’innocentes cascades mordorées
Au-dessus du gouffre de mes songes
Dessine sur ma chair encore vive et avide
De troublantes arabesques,
Ecrit la passion avec des mots secrets
Pour que l’histoire lente des maux se créé
Déchire mes lèvres de ses lèvres d’or
N’est-ce qu’un fantôme qui instille ce doux poison
Entre mon mâle-être acharné à ma perte
Et mon esprit peuplé de pensées inertes
L’insidieux désir qui n’aspire qu’à la mort
Le désir empanaché de millions de remords
Qui culmine dans une ultime convulsion
A l’heure où les ténèbres flamboient
Avant que l’aube meurtrière
N’embrase l’horizon funèbre
Curieuse évidence, mystère plus grand encore
La nuit – la nuit immense – se souvient
Parmi les vestiges de l’innommable cité
Parmi les ruines assombries du siècle passé
La nuit se souvient,
De ces valses telluriques qui remuent et soupirent
Jusqu’au matin saturé d’apothéoses futiles
De ces vœux murmurés au creux de l’oreille
De ces rares moments où la rue s’émerveille
La nuit c’est une profusion de rires fous orchestrés
Par le grand funambulesque sous la lumière astrée
La nuit rêve en moi, la nuit explose
La nuit, la nuit redoutée se lève
Et s’enflamme, où chaque chose
Chaque silence, chaque mot,
Nous pénètre, devient une force infinie
De ses nuages pourpres
J’ai capturé l’alcool
Et de cet alcool
Ont surgi les fantômes
*